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Petite histoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)

En 1919, Henry Ford a fait quelque chose d'inattendu.


 Il a augmenté les salaires de ses employés et réduit le prix de ses voitures, espérant que ses ouvriers deviennent ses clients. Les actionnaires ont crié au scandale, mais Ford avait vu juste.


Ainsi naissait l'idée de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).


La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est devenue un concept incontournable dans le monde des affaires. Mais qu'est-ce que la RSE exactement ? Il s'agit de l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec leurs parties prenantes. Cette notion n'est pas nouvelle, mais elle a évolué de manière significative au fil des décennies, influencée par des facteurs économiques, sociaux et législatifs.


L'objectif de cet article est de retracer l'histoire de la RSE, en explorant ses origines, son développement et son rôle actuel dans le monde des affaires.


Origines et Émergence de la RSE


Les racines de la RSE remontent à plusieurs siècles. Au XIXe siècle, des industriels comme la famille Cadbury en Angleterre et la famille Schneider en France ont commencé à prendre en compte le bien-être de leurs employés. Ils ont mis en place des logements, des écoles et des services de santé pour leurs travailleurs, marquant les premières tentatives d'intégration de préoccupations sociales dans les entreprises.


Les États-Unis ou l'essor de la RSE


La notion de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) trouve cependant ses racines aux États-Unis avec a montée du mouvement progressiste aux Etats-Unis.


Des pionniers comme Andrew Carnegie, industriel philanthrope qui s'est enrichi avec des aciérie au XIXème siècle établissent les premiers fondements de la RSE en insistant sur la moralité des dirigeants.


En 1919, Henry Ford, animé par des intérêts stratégiques, décide d'augmenter les salaires de ses employés et de proposer des promotions sur ses véhicules, espérant que ses ouvriers deviendraient ses clients. Cette initiative est contestée par les actionnaires de la famille Dodge, qui accusent Henry Ford de réduire leurs dividendes pour offrir des avantages sociaux aux employés et qui soutiennent que le but premier d'une entreprise est de servir ses actionnaires. La Cour du Michigan (Affaire Dodge vs. Ford Motor Company) donne raison aux frères Dodge, mettant en lumière le concept de devoir fiduciaire. L'objectif principal d'une société commerciale est de maximiser les profits financiers pour les actionnaires.


Les premières lois sociales, telles que le Fair Labor Standards Act de 1938, ont également joué un rôle clé en établissant des normes minimales pour le traitement des employés.


Les années 1950 et 1960 ont marqué une nouvelle étape avec l'émergence des premiers théoriciens de la RSE, comme Howard R. Bowen, économiste et pasteur considéré comme le père du concept moderne de RSE, qui a publié "Social Responsibilities of the Businessman" en 1953. Cette période a vu la cristallisation des idées autour de la responsabilité des entreprises au-delà du simple profit.


Depuis les années 1990, des réformes ont été proposées pour atténuer la jurisprudence Dodge vs Ford Motor Company. L'initiative la plus importante est la création du statut de Benefit Corporation (entreprise à mission). En droit américain, ce statut est dérogatoire et protège les dirigeants de poursuites judiciaires de la part des actionnaires en cas de pertes financières liées à des initiatives à impacts sociaux ou environnementaux.


Néanmoins, la pensée dominante reste celle du "business éthique" où la philanthropie est pratiquée parallèlement à la recherche de profit. Elle est défendue par des économistes comme Théodore Levitt et Milton Friedman, qui prônent une vision exclusivement financière de l'entreprise. L’entreprise doit maximiser ses profits pour servir au mieux les intérêts de ses actionnaires et le monde privé ne doit pas s'immiscer dans le monde public. Ce courant "business for business" a posé les jalons de la "corporate governance" contemporaine : existence de comité de direction, mise en place de salaires variables indexés sur les résultats donc alignés sur celles des actionnaires, vision courtermiste. En découle la financiarisation actuelle de l'économie.


La Vision Européenne de la RSE


Dans les années 1970, l'Europe accueille la RSE de manière utilitariste, la percevant comme un avantage compétitif. C’est la "vague utilitariste" ou "RSE business case", où la RSE est vue comme une responsabilité sociale compétitive servant la performance économique des entreprises. Avec le temps, la réglementation évolue, introduisant des cadres comme le principe du pollueur-payeur. L'entreprise est responsable de ce qu'elle génère les "externalités négatives".


Durant les années 1980 et 1990, la mondialisation a accentué l'importance de la RSE. Les entreprises ont dû répondre aux attentes croissantes des consommateurs et des investisseurs en matière de pratiques éthiques. Des scandales environnementaux, comme celui de l'Exxon Valdez en 1989, ont également renforcé la nécessité pour les entreprises d'adopter des pratiques durables.


Dès la fin des années 1980, une "vague de soutenabilité" émerge, marquée par une prise de conscience des risques écologiques et sociaux. Le concept de Développement Durable apparaît avec le Rapport Brundtland 1987, et Kofi Annan lance l'initiative Global Compact, unissant 197 pays autour de 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) à atteindre pour 2030.


💡 Pour en savoir plus sur les Objectifs de Développement Durable : Par ici

Présentation synthétique des 17 objectifs de développement durable. Ces 17 objectifs soulignent l'importance des enjeux sociaux et environnementaux actuels et l'importance de remettre de développer l'éthique des affaires
Les 17 objectifs de développement durable

La Commission européenne, avec son Livret Vert, définit la responsabilité d'entreprise comme la mise en œuvre des ODD au sein des entreprises, qui doivent également prendre en compte leurs externalités négatives et dialoguer avec les parties prenantes.


Des normes comme ISO 14000 (1996) et ISO 26000 (2010) sont alors mises en place pour encadrer la RSE.


L'adoption de la norme ISO 14001 en 1996, relative à la gestion environnementale, a marqué un jalon important. Cette norme a aidé les entreprises à structurer leurs initiatives environnementales et à démontrer leur engagement envers la durabilité. La RSE est ainsi passée d'une notion volontaire à un cadre plus structuré et mesurable.



La Vision Française de la RSE


La France a été pionnière dans l'instauration d'un cadre législatif pour la RSE. La loi NRE du 16 mai 2001 impose aux entreprises cotées en bourse d'inclure des données extra-financières dans leur rapport annuel. En 2004, la Charte de l'environnement est promulguée, consacrant de nouveaux droits constitutionnels relatifs à l'environnement, notamment le "droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé" art. 1. Ces droits nouveaux s'ajoutent aux droits civils et politiques et aux droits économiques et sociaux. Elle introduit trois grands principes : Prévention, Précaution, et Pollueur-payeur.


Le Grenelle de l'environnement de 2007 renforce ces initiatives en réunissant divers acteurs pour travailler sur des déclarations extra-financières. Les lois suivantes, comme celle de 2016 sur la transparence et la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique et la loi PACTE de 2019, consolident la RSE comme un élément central de la gestion d'entreprise. La loi PACTE oblige les entreprises à considérer les enjeux sociaux et environnementaux et introduit trois niveaux d'ambition pour la RSE : la RSE (de base), la raison d'être, et la société à mission.


💡 Notre première série d'articles traitera de la Société à Mission (#SAM) avec en premier article #SAM - Petite introduction à la Société à Mission


La RSE, un élément central de la stratégie des entreprises


Avec l'essor des technologies de l'information et de la communication, les entreprises sont sous une surveillance constante. Les réseaux sociaux permettent une diffusion rapide des informations, et les consommateurs sont de plus en plus exigeants quant à l'éthique des entreprises. Des mouvements comme "Fridays for Future" ont également mis la pression sur les entreprises pour qu'elles adoptent des pratiques durables.


Les entreprises innovent pour intégrer la RSE à tous les niveaux. Des certifications comme B Corp évaluent désormais l'impact global d'une entreprise sur la société et l'environnement. Ces initiatives montrent que la RSE n'est plus seulement un choix, mais une nécessité pour les entreprises qui souhaitent rester compétitives et respectées dans le marché mondial.


💡 Pour en savoir plus sur le Label B Corp, lisez notre article sur les avantages de la certification B Corp pour votre entreprise.


Conclusion


Cette rapide présentation de l'histoire de la RSE vise juste à rappeler le contexte et que la RSE a évolué de manière significative au fil des décennies, influencée par des visions américaines puis européennes.


La RSE est désormais un pilier incontournable de la stratégie d'entreprise, intégrant des pratiques éthiques et durables pour répondre aux défis globaux.


 

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🔗 Liens - Pour aller plus loin :


Définitions et Concepts de la RSE :

Le site du Ministère de l'Économie détaille la définition européenne de la RSE et son intégration dans le développement durable. Il mentionne la norme ISO 26000, qui couvre des thématiques telles que les droits de l'homme, l'environnement et la loyauté des pratiques​ (Economie.gouv)​.



Cadre Réglementaire et Historique :

Un article du Ministère de la Transition écologique présente un historique succinct du cadre réglementaire national. La loi du 15 mai 2001 sur les nouvelles régulations économiques oblige les entreprises cotées à indiquer dans leur rapport annuel des informations sur les conséquences sociales et environnementales de leurs activités. D'autres lois comme la loi Grenelle II et la loi PACTE ont renforcé les obligations de reporting et intégré des concepts comme l'entreprise à mission​ (Transition Écologique)​.

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