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Stratégie de transition vers un immobilier résidentiel bas carbone

Cet article, inspiré par le podcast très complet Time To Shift produit par Les Shifters, se penche sur une problématique aussi paradoxale que cruciale : l'impact de l'immobilier bas carbone dans une société en transition vers un avenir durable.



Alors que ce secteur joue un rôle central dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, il est également responsable d'une part significative des émissions en France. Avec plus de 37 millions de logements, le secteur résidentiel représente un défi majeur pour atteindre les objectifs climatiques. Dans ce contexte, il est essentiel de repenser notre manière d'habiter et de construire, en adoptant des stratégies innovantes pour un avenir véritablement bas carbone.


Les résidences principales et la contrainte carbone

Les raisons de la transition vers un immobilier résidentiel bas carbone

Dans le cadre de l’immobilier bas carbone, les résidences principales, où se consomme la majeure partie de l’énergie, sont au cœur de la problématique de la réduction des émissions de CO₂. Le secteur résidentiel compte environ 37 millions de logements, dont 30 millions de résidences principales et 6,2 millions de logements vacants ou secondaires. Il représente également 12 % des émissions de gaz à effet de serre du pays, principalement en raison de l’utilisation massive de gaz et de fioul pour le chauffage, la cuisine, et l'eau chaude sanitaire. Ce recours aux énergies fossiles pose non seulement un problème pour le climat, mais accentue également notre dépendance à des sources d'énergie importées, rendant le pays vulnérable aux fluctuations des approvisionnements, comme cela a été mis en lumière par la crise en Ukraine.


La nécessité de d'adapter au changement climatique

En plus de la contrainte carbone, le secteur résidentiel doit faire face à un autre défi majeur : l'adaptation au changement climatique. Les effets de ce phénomène, tels que l'augmentation des vagues de chaleur estivales, représentent un risque croissant pour la santé publique. Pour répondre à ces trois enjeux majeurs, le Shift Project propose un plan de transformation du secteur résidentiel, articulé autour de quatre axes principaux :

-          Accélérer la rénovation des logements existants.

-          Décarboner la production de chaleur.

-          Développer la capacité de captation de carbone des bâtiments.

-          Réduire la construction de nouveaux logements.

 

§1 - Accélérer la rénovation des logements existants

Accélérer la rénovation des logements existants est essentiel pour soutenir la transition vers un immobilier résidentiel bas carbone, et implique de massifier cette démarche, un passage indispensable pour la décarbonation de notre économie. Ce principe est largement soutenu par les politiques publiques, mais le défi réside dans la capacité à atteindre des volumes significatifs sans compromettre la qualité. Il est essentiel de mener des rénovations énergétiques globales et performantes.


La nécessité de rénovations globales

Rémi Babu, chef de projet "Habiter Bas Carbone" au Shift Project, souligne un point crucial : "Aujourd'hui, les rénovations sont souvent effectuées par étapes, avec des interventions séparées sur la toiture, la chaudière, ou les fenêtres. Pour une efficacité optimale, il est nécessaire d'adopter une approche globale, en traitant simultanément tous les aspects du bâtiment pour garantir la cohérence entre eux. Cela permet de minimiser les ponts thermiques, d'assurer une bonne étanchéité à l'air, et de dimensionner correctement les systèmes énergétiques en fonction de la performance de l'enveloppe. Ce type de rénovation, que l'on appelle rénovation globale, est essentiel pour améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments."


Le défi de la formation des artisans

Cependant, un obstacle majeur persiste : le manque d'artisans formés pour réaliser ce type de rénovations globales. Actuellement, peu de ces rénovations sont réalisées, et pour atteindre les objectifs futurs, il faudra recruter et former de nouveaux artisans tout en mettant à jour les compétences des professionnels existants. Le Shift Project prévoit une montée en puissance rapide de la filière de rénovation pour atteindre, d'ici 2030, un rythme de croisière de 1 million de logements rénovés chaque année.


Priorisation des rénovations

Avec un parc de plus de 37 millions de logements, il est nécessaire de prioriser les interventions, en se concentrant d'abord sur les logements les plus énergivores, souvent appelés "passoires thermiques", et notamment ceux qui consomment le plus d'énergie carbonée. Le diagnostic de performance énergétique (DPE), qui attribue une note de A à G aux bâtiments, peut servir de base pour identifier ces logements. L'objectif final du Shift Project est clair : d'ici 2050, tous les logements devraient atteindre les labels A, B ou C.


Les défis liés au DPE

Cependant, le DPE fait l'objet de critiques, notamment sur sa fiabilité. Malgré son instauration en 2012, une vision exhaustive du parc de logements national manque toujours, et des divergences existent sur le nombre exact de "passoires énergétiques". De plus, des études ont montré que différents diagnostiqueurs peuvent produire des résultats variés pour un même bâtiment, ce qui est problématique, surtout depuis que le DPE est devenu un document opposable. Cette opposabilité, instaurée en juillet 2021 avec la loi Climat et Résilience, permet d'utiliser le DPE dans des décisions de justice, comme pour obliger un propriétaire à rénover ou à geler une augmentation de loyer.


Amélioration et formation des diagnostiqueurs

Pour améliorer la qualité du DPE, un processus de fiabilisation a été initié, mais le secteur souffre également d'une guerre des prix, ce qui réduit le temps et les ressources consacrés à chaque diagnostic. Une des solutions proposées par certaines fédérations est l'encadrement des prix, ce qui pourrait garantir un temps minimum pour chaque DPE et améliorer la qualité des diagnostics. Il est aussi essentiel de renforcer la formation des diagnostiqueurs, bien que ces derniers ne soient pas des ingénieurs thermiciens du bâtiment. Une meilleure rémunération pourrait aussi favoriser une formation continue, essentielle pour émettre des recommandations de rénovation pertinentes.


Vers une meilleure conception des rénovations

Enfin, il est important de noter que le DPE n'est pas conçu pour la planification de rénovations performantes, un rôle mieux rempli par d'autres outils de simulation plus détaillés, tels que ceux utilisés dans les audits thermiques, qui deviendront obligatoires pour la vente des passoires thermiques.


§2 - Décarboner la production de chaleur

Il est crucial de ne pas s’arrêter en cours de route lorsqu'il s'agit de décarboner le chauffage. La décarbonation de la production de chaleur va au-delà de l'isolation des bâtiments : il est également nécessaire de s’assurer que le système de chauffage utilise le moins d'énergie possible et émette le minimum de CO₂. Le deuxième axe de cette stratégie est donc la décarbonation de la chaleur, avec pour objectif de sortir définitivement, et le plus rapidement possible, du chauffage au fioul et au gaz naturel.


Actuellement, nos systèmes de chauffage reposent principalement sur le gaz, le bois et le fioul, deux de ces énergies étant fossiles. Pour éliminer ces combustibles polluants, qui deviennent par ailleurs de moins en moins disponibles, les solutions techniques existent déjà pour la quasi-totalité des situations. Le défi réside désormais dans l’accélération de leur déploiement. Chaque type de logement nécessitera une approche adaptée.


Solutions pour les logements individuels et collectifs

Pour les logements individuels, la pompe à chaleur est l’alternative décarbonée par excellence, qui devra être installée dans plus de 10 millions de foyers. D'autres solutions incluent les chaudières à bois, les inserts à bois avec convecteurs performants, le chauffage électrique, ainsi que, dans une moindre mesure, les systèmes à énergie solaire.

 

Du côté des logements collectifs, les réseaux de chaleur urbains s'imposent comme la solution privilégiée. Environ 5 millions de logements devront être raccordés à ces réseaux. Un réseau de chaleur urbain consiste en un système de tuyaux, généralement enterrés sous la voirie, dans lesquels circule un fluide caloporteur, tel que de l’eau ou de la vapeur d’eau, pour distribuer la chaleur. L'avantage majeur de ces réseaux est leur capacité à décarboner la consommation d’un grand nombre de logements simultanément, en centralisant la production d’énergie. Cela permet d’obtenir des résultats plus rapidement que si chaque logement devait être rénové individuellement.


Calendrier de sortie des énergies fossiles et perspectives sur le biogaz

Avec une planification rigoureuse et des priorités bien définies, le Shift Project estime qu'il serait possible de se débarrasser du chauffage au fioul d’ici 2040, en interdisant l’installation de nouvelles chaudières au fioul dès demain, et au gaz d'ici 2030.


Concernant le biogaz, cette alternative présente certaines limites. Le biogaz, produit à partir de biomasse, dépend de terres arables pour la culture de cette biomasse. Or, la surface de ces terres est limitée à l'intérieur de nos frontières nationales. De plus, le biogaz sera fortement sollicité par d'autres secteurs, tels que les transports, notamment l’aviation, et certaines industries où il est difficile de substituer le gaz par d’autres énergies.


Il est donc crucial de substituer le gaz par d’autres sources d'énergie partout où cela est possible, afin de réserver le biogaz pour les usages où il est le plus nécessaire. Par ailleurs, les sols et les forêts jouent un rôle clé dans le stockage du carbone, et ces écosystèmes seront soumis à des pressions accrues en raison du changement climatique. Il est donc préférable de minimiser leur exploitation pour la production de biogaz, afin de préserver leur capacité à absorber du carbone.

 

§3 - Développer la capacité de captation de carbone des bâtiments

Le troisième axe de notre stratégie, souvent moins visible, concerne le rôle des bâtiments en tant que puits de carbone. Il est important de comprendre qu’un puits de carbone est un réservoir, naturel ou artificiel, capable d’absorber du CO₂ de l’atmosphère et de le stocker sur le long terme. Dans les processus naturels, les sols, les forêts, les tourbières, et les océans sont les principaux puits de carbone grâce à la photosynthèse des plantes et à l’absorption du CO₂ par l’eau.

 

Bien que le stockage de carbone dans les bâtiments ne puisse pas atteindre les volumes absorbés par ces puits naturels, il constitue néanmoins une contribution non négligeable à la décarbonation du secteur de la construction. Concrètement, il s'agit de remplacer autant que possible les matériaux fortement émetteurs comme le béton par des matériaux bas carbone, idéalement biosourcés, tels que le bois ou le béton de chanvre. Ces matériaux, issus de plantes qui captent le carbone atmosphérique via la photosynthèse, stockent ce carbone tout au long de leur durée de vie, le maintenant hors de l’atmosphère jusqu’à ce qu’ils se décomposent ou soient brûlés.

 

Le plan de transformation proposé par le Shift Project recommande d'imposer progressivement l'usage de matériaux biosourcés dans la construction neuve, en cohérence avec les exigences de la réglementation environnementale 2020. Il serait également pertinent d'étendre cette règle aux projets de rénovation, sous réserve que cela ne ralentisse pas le rythme des travaux, car la rapidité de mise en œuvre reste cruciale.

 

La construction biosourcée constitue l’un des principaux moyens d’absorber et de stocker du carbone à long terme dans des produits à longue durée de vie. Pour atteindre la neutralité carbone, il est essentiel de compenser les émissions résiduelles en capturant du carbone chaque année, comme cela est déjà pratiqué dans le secteur des terres, notamment à travers la croissance des forêts. Utiliser le bois pour des structures de bâtiments, par exemple, permet de maintenir ce carbone hors de l’atmosphère pendant une durée significative.

 

Dans le cadre de la Stratégie Nationale Bas Carbone, les produits en bois utilisés dans la construction de bâtiments et la fabrication de mobilier représentent un stockage annuel de 20 à 25 mégatonnes de carbone, soit environ un tiers du total des puits de carbone à l’échelle nationale.

 

§4 - Réduire la construction de nouveaux logements

Dans une stratégie d'immobilier résidentiel bas carbone, la réduction de la construction de nouveaux logements est un axe stratégique essentiel, qui repose sur deux leviers principaux. Le premier consiste à décarboner le logement dès sa conception. En France, les politiques publiques ont déjà bien avancé dans ce domaine, notamment grâce à la réglementation environnementale 2020 (RE2020), qui impose d'évaluer et de limiter l'empreinte carbone de chaque bâtiment tout au long de son cycle de vie, y compris les émissions indirectes liées aux matériaux utilisés. Pour le Shift Project, cela représente une opportunité historique de faire entrer l’industrie française du bâtiment dans l’ère du bas carbone, un objectif auquel le rythme de déploiement actuel est en adéquation.

 

Cependant, un point de critique reste l'absence de débat public sur la quantité de nouvelles constructions nécessaires dans le pays. Actuellement, la construction neuve représente un impact significatif avec environ 7 % des émissions nationales, notamment à cause de la production de ciment. La hausse de la surface habitable par personne, due à des facteurs comme la décohabitation (réduction du nombre de personnes par logement), a largement freiné la réduction des émissions de CO₂ du secteur entre 1990 et 2007.

 

Évolutions démographiques et impacts environnementaux

Au cours des 30 dernières années, bien que des efforts aient été faits pour décarboner le secteur du bâtiment, comme l'amélioration de l'efficacité énergétique et la rénovation d’une partie du parc immobilier, des tendances contraires, telles que l'augmentation de la population et la réduction de la taille des ménages, ont freiné ces progrès. En conséquence, la réduction annuelle de l’empreinte carbone des logements a été d'environ 1,2 %, alors qu'elle aurait pu atteindre 3 % sans la construction de nouveaux logements. Pour atteindre les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone, cette réduction devrait être portée à près de 8 % par an, un rythme bien plus soutenu.

 

De plus, la construction de nouveaux logements, en particulier de maisons individuelles, contribue fortement à l'artificialisation des sols, menaçant les espaces agricoles, naturels, et forestiers, qui sont essentiels pour l'atténuation et l'adaptation au changement climatique. Pour ces raisons, le Plan de Transformation de l'Économie Française (PTEF) propose une réduction progressive du nombre de nouvelles résidences construites chaque année, en cohérence avec les évolutions démographiques, et une diminution rapide de la part des maisons individuelles dans les nouvelles constructions. Cette réduction devra être réalisée de manière intelligente pour continuer à répondre aux besoins de la population. Le Shift Project souligne l’importance de mêler les débats à la fois au niveau local et national pour aboutir à une planification efficace de la quantité et des caractéristiques des logements à construire.

 

Projection vers 2050

Après avoir passé en revue les leviers de la décarbonation, il est intéressant de se projeter en 2050 pour constater les résultats obtenus. Grâce aux efforts de sobriété, le parc de logements n'a augmenté que de 22 % par rapport à aujourd'hui, ce qui signifie que 80 % des logements de 2050 existent déjà actuellement. Cela souligne l’importance de bien entretenir le parc existant.

 

En termes d'émissions, la réduction des surfaces construites, la décarbonation des processus de fabrication des matériaux de base comme le béton, et le recours maximal aux matériaux biosourcés ont permis de réduire de 75 % les émissions liées à la construction neuve. Pour ce qui est des usages, le parc consomme désormais relativement peu d'énergie grâce à la généralisation des isolations performantes, et aucun logement n’est classé en dessous de l’étiquette C du DPE, ce qui signifie que tous les logements sont désormais classés comme bons ou très bons.

 

Les chaudières au fioul et au gaz sont désormais reléguées aux manuels scolaires, symbolisant les techniques du 20e siècle. Toutefois, il subsiste quelques exceptions : certains logements collectifs fonctionnent encore au gaz, bien que discrètement, et des carburants fossiles peuvent encore être utilisés pour soutenir les réseaux de chaleur lors des pics de demande.

 

Enfin, le logement est devenu une véritable fierté pour les habitants. Les performances thermiques et environnementales sont valorisées, les conseils sur les artisans et les techniques de rénovation se partagent, et les bienfaits sont palpables : la précarité énergétique est presque éradiquée, la qualité de l'air est significativement améliorée, et les logements offrent un confort accru, notamment face aux vagues de chaleur estivales. En bref, les habitants se sentent mieux dans leurs logements.

 

La vision de 2050

Après avoir examiné les leviers de la décarbonation, il est temps de se projeter dans le futur, en 2050, pour observer les résultats de cette transformation. Un constat surprenant s’impose : grâce aux efforts de sobriété, le parc de logements n’a augmenté que de 22 % par rapport à aujourd'hui, ce qui signifie que 80 % des logements de 2050 existent déjà actuellement. Cela renforce l'importance de préserver et d'entretenir le parc existant.


Réduction des émissions et amélioration de l'efficacité énergétique

En termes d'émissions, plusieurs facteurs ont permis une réduction significative dans le secteur de la construction neuve : la diminution des surfaces construites, la décarbonation des processus de fabrication des matériaux de base tels que le béton, et l'utilisation accrue de matériaux biosourcés. Ensemble, ces efforts ont entraîné une réduction de 75 % des émissions liées à la construction neuve.

En ce qui concerne les émissions liées à l’usage des logements, le parc consomme désormais très peu d'énergie, grâce à la généralisation des isolations performantes. Plus aucun logement n’est classé en dessous de l’étiquette C du DPE, ce qui signifie que tous les logements sont désormais considérés comme bons ou très bons en termes de performance énergétique. Les chaudières au fioul et au gaz sont désormais reléguées aux manuels scolaires, témoignant des technologies du 20e siècle.


Quelques exceptions et défis restants

Cependant, pour être tout à fait transparent, il subsiste quelques exceptions : certains logements collectifs fonctionnent encore au gaz, bien que de manière discrète, et des carburants fossiles peuvent encore être utilisés pour alimenter les réseaux de chaleur lors des pics de demande. Malgré ces exceptions, le logement est devenu une véritable source de fierté.


Bien-être et confort accrus

Les habitants se targuent désormais des performances thermiques et environnementales de leurs logements, et les échanges de conseils sur les artisans et les techniques de rénovation sont courants. Le confort et la santé sont les grands gagnants de cette transformation : la précarité énergétique est presque un souvenir du passé, la qualité de l'air s'est significativement améliorée, et les étés se déroulent dans des logements frais, protégés des vagues de chaleur. En somme, les habitants se sentent mieux dans leurs logements.


Les défis à relever

Il est temps de revenir au présent pour aborder les défis actuels et lancer un appel à la mobilisation générale. La massification de la rénovation énergétique du parc de logements existants nécessitera une main-d'œuvre importante. Les objectifs de rénovation thermique et énergétique impliquent la création d'au moins 110 000 emplois supplémentaires, portant à 180 000 le nombre total d'emplois dans la rénovation thermique et à 570 000 dans l’ensemble des activités d’entretien et de rénovation. Cependant, la quantité ne suffira pas sans la qualité : la montée en compétences par la formation et la pratique sera cruciale et devra être soutenue par une action forte des pouvoirs publics. En effet, les compétences requises ne sont pas actuellement disponibles à une échelle suffisante. Sans une action organisée et déterminée, l’ampleur des transformations à entreprendre d’ici 2050, ainsi que le volume de rénovations à effectuer, semble difficilement réalisable.


Impact sur l'emploi dans le secteur

Le bilan pour l’emploi dans le secteur n'est pas entièrement positif. Le premier levier de sobriété dans la construction neuve implique de réduire le volume construit. Selon le Shift Project, cette réduction pourrait entraîner la perte d’environ 90 000 emplois dans l’ensemble du secteur. Concernant la fabrication des matériaux de construction, la baisse des quantités de ciment pourrait être compensée par une augmentation des métiers liés au bois, mais cela nécessitera des transferts importants de main-d’œuvre, un processus qui ne se fait pas sans défis.


Coût et accessibilité du logement rénové

La rénovation énergétique ne devrait pas entraîner une hausse des prix des logements sur le long terme pour plusieurs raisons :

Le marché immobilier est étroitement lié aux capitaux disponibles pour investir dans les logements, avec un prix de sortie plus ou moins fixé par le marché. Les coûts de construction et de rénovation doivent être absorbés par ce marché pour correspondre aux moyens des ménages acheteurs.

Par ailleurs, la qualité environnementale des logements influence leur valeur, un phénomène connu sous le nom de "valeur verte". Des études montrent qu'un logement avec une mauvaise étiquette énergétique perd de la valeur, tandis qu'un logement avec une bonne étiquette peut en gagner. Avec des dispositifs d’obligation de rénovation ou d’interdiction de location, les logements énergivores perdront de la valeur, car les acheteurs intégreront dans leurs offres d’achat le coût nécessaire à la rénovation.


Aides et incitations pour faciliter la rénovation

Les aides et incitations publiques sont essentielles pour faciliter l’investissement dans la rénovation. Pour cela, les pouvoirs publics doivent simplifier et unifier le parcours de rénovation, en facilitant l'accès aux aides existantes telles que MaPrimeRénov', les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), la TVA à taux réduit, et d’autres dispositifs fiscaux. Ce travail est déjà en cours, notamment avec l’Agence nationale de l’habitat (Anah), qui centralise de plus en plus de missions.

En termes de montants, les investissements nécessaires pour la rénovation devront être significativement augmentés, probablement triplés par rapport aux niveaux actuels, comme le suggèrent des études de l’Institut for Climate Economics (I4CE). Pour cela, plusieurs idées sont mises en avant, notamment au sein de la campagne "Unlock", qui propose d’utiliser des dispositifs européens et bancaires pour encourager les établissements financiers à mieux distribuer des outils comme le prêt à taux zéro, actuellement sous-utilisé. Parallèlement, l’État devra également mettre plus de moyens sur la table, avec des plans financiers bien structurés sur le moyen et long terme.


Conclusion

L'avenir de l'immobilier bas carbone repose sur des choix courageux et concertés. Alors que les technologies évoluent et que les mentalités changent, il devient essentiel de repenser la manière dont nous concevons, rénovons et utilisons nos logements. Mais la question reste : serons-nous capables de concilier croissance démographique, confort de vie et réduction drastique de notre empreinte carbone ? La réussite de cette transition dépendra non seulement des innovations techniques, mais aussi de la volonté collective de prioriser le bien commun et la durabilité. Le chemin est encore long, mais les premiers pas sont déjà faits. Il appartient désormais à chacun de contribuer à cette transformation, pour un avenir où l'habitat rime avec respect de l'environnement et bien-être.


 

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Sources :🔗 Liens - Pour aller plus loin :


A lire :


  • La synthèse du rapport :

    • Présentation : Pour approfondir le sujet de l'immobilier bas carbone, nous vous invitons à consulter la synthèse du rapport du Shift Project intitulé "Habiter dans une société bas carbone". Ce document, publié en octobre 2021, explore en détail les stratégies nécessaires pour transformer le secteur résidentiel et atteindre les objectifs climatiques. Le rapport propose des solutions concrètes pour décarboner nos habitats tout en améliorant le confort de vie et en préservant notre environnement.

    • Lien vers la synthèse du rapport : https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/10/Synthese_Habiter-dans-une-societe-bas-carbone.pdf


  • Le rapport :

    • Présentation : Pour approfondir le sujet de l'immobilier bas carbone, nous vous invitons à consulter le rapport complet du Shift Project intitulé "Habiter dans une société bas carbone". Ce document, publié en octobre 2021, explore en détail les stratégies nécessaires pour transformer le secteur résidentiel et atteindre les objectifs climatiques. Le rapport propose des solutions concrètes pour décarboner nos habitats tout en améliorant le confort de vie et en préservant notre environnement.

    • Lien vers le rapport : https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/10/TSP-PTEF-Habiter-dans-une-societe-bas-carbone-RF-7-octobre-2021.pdf


  • Le livre : Le plan de transformation de l'économie française de The Shift Project - ISBN 978-2-7381-5426-2


A regarder :


  • La vidéo de présentation du rapport :




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